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Zoom sur 4 concerts du Rhino Jazz(s) Festival !

Le festival Rhino Jazz(s) se prépare, alors que son président Jean-Paul Chazalon nous donne déjà rendez-vous pour présenter le festival le 22 septembre aux Docks 40 à Lyon avec un concert d’Ewerton Oliveira Trio ainsi qu’à Saint-Chamond pour un concert de Marie-Paule Coutens et une projection du film Respect au Véo Grand Lumière le 24 septembre.

 

Pour ce mois d’octobre bien chargé, l’équipe du Rhino nous propose 4 concerts en focus : 

 

8 octobre : Gallowstreet à la Passerelle, Saint-Just-Saint-Rambert

AMSTERDAMNED !…
Tous ceux qui, au Rhino 2012 comme au Rhino d’été 2014 partagé avec Jazz à Vienne, ont pu découvrir l’extraordinaire groupe de jeunes Néerlandais de Jungle by Night s’en souviennent encore. Ils devraient alors se réjouir de la venue cette année et pour la première fois au festival de Gallowstreet, dont plusieurs membres en sont issus parmi la douzaine d’instrumentistes que le sax baryton Dirk Zandvliet a réunis dans cette formation parallèle. Originaire d’Amsterdam et plus particulièrement de la Galgenstraat (d’où la traduction anglo-saxonne de Gallowstreet) où se situent les quais historiques de la ville, le groupe s’est identifié à ce haut lieu de la fête nocturne et de la liberté musicale, représenté notamment par son emblématique festival Honk at Paradiso.
Aujourd’hui ramené à un octet avec six cuivres percutants et deux percussionnistes explosifs, le brass-band n’a pas son pareil pour ajouter une ambiance club à son profil de fanfare new-orléanaise ‘‘second line’’, gorgeant le swing typique d’un big-band de groove incendiaire venu du hip-hop, de la house et de l’afro-beat, s’inspirant des sets des meilleurs DJ’s pour développer une approche singulière du live, qu’il s’agisse de reprises de morceaux célèbres ou de leurs compos dont certaines sont déjà considérées comme des classiques par des fanfares amateurs du monde entier. Il faut dire que partout, dans les plus grands festivals où ils ont systématiquement mis le feu, leur énergie faramineuse et l’incandescence de leur répertoire –instrumental et souvent cinématographique (Morricone notamment)– ne peuvent qu’être contagieuses et déclencher une irrépressible envie de danser. Leur but premier étant avant tout de nous rendre heureux, on le serait à moins !

 

9 octobre : Michel Portal 5tet à l’Opéra de Saint-Étienne

UNE JOUVENCE ÉTERNELLE
Sortant de dix ans de silence discographique depuis son fameux Baïlador, Michel Portal s’est déconfiné en faisant paraître MP85 comme une réponse à son impatience de retrouver une liberté, celle de jouer pour mieux la célébrer comme il le fait depuis plus de soixante ans. MP…85 comme l’âge incroyable de cette figure à la fois inclassable et irréductible de la musique qui a toujours emprunté des chemins buissonniers pour ne jamais cesser de se renouveler. Du classique au contemporain en passant par la grande chanson française et bien sûr le jazz dont il est devenu l’un des papes depuis les seventies et ses incursions free, le Basque aux anches de feu tant à la clarinette qu’au saxophone- n’a de cesse de défier le temps, et son ouverture d’esprit, son enthousiasme intact pour l’étonnement est sans doute la recette de son inaltérable jeunesse. Si l’insaisissable électron libre est aussi un inquiet, insomniaque et ‘‘prince des hypocondriaques’’, sa générosité et son besoin de partage trouve sa raison face au public où cet infatigable animal de scène dessine une musique qui s’invente au présent puisque faite pour se magnifier en impros. En majesté avec son étincelant quintet, aussi homogène qu’il est souple à suivre l’acrobate, Michel Portal retrouve ici ses fidèles amis, le grand pianiste Bojan Z et sa subtile patte à réaliser les arrangements, l’inventif et très présent Bruno Chevillon aux bois et cordes, auxquels se joignent deux nouveaux virtuoses, le jeune batteur belge Lander Gyselinck et le brillant tromboniste allemand Nils Wogram. Moderne et enjoué, virevoltant d’un entrain communicatif à l’image du groupe, le répertoire d’MP85 nous narre des histoires de drames et de joies au fil d’un périple à travers nombreux paysages sonores passant d’Afrique aux Balkans, de l’Arménie au Pays Basque, plein de tendresses rêveuses et de fulgurances aériennes au délire maî- trisé. « Il faut que ça sorte comme si c’était la dernière fois que je jouais » explique le magicien Portal qui paradoxalement vient chaque fois sur scène « comme si c’était la première fois » . Toujours hors-pair pour slalomer en hors-piste et fuir la routine dans le jeu, sa seule insouciance. Comme une leçon de jouvence éternelle.

13 octobre : Théo Ceccaldi au Théâtre de la Renaissance, Oullins

DJANGO, GO, GO !…
Révélation de l’année aux Victoires du Jazz en 2018, le violoniste Théo Ceccaldi a baigné dans une famille de musiciens accomplis avant de créer son trio en 2011 avec son frère Valentin Ceccaldi au violoncelle et le guitariste Guillaume Aknine. Improvisateur né et porté vers un jazz sans filtre, il a découvert le maître de la musique manouche Django Reinhardt par le biais de Stéphane Grapelli et s’est passionné pour ce guitariste légendaire au point d’y consacré ce répertoire, à la fois dans le respect de son héritage mais aussi, par la grâce de sa virtuosité et de son imagination débridée, en y ajoutant une forme d’impertinence délicieusement allumée. Une inventivité audacieuse et fougueuse qui se traduit par des reprises joyeusement détournées et quelques compos du même acabit qui mènent ce trio complice vers une sorte de jazz de chambre mutant, à la fois rythmique et lyrique, privilégiant avec subtilité un langage contemporain qui fait particulièrement ressortir toute la modernité intemporelle du grand Django. Si les attendus classiques du jazz manouche mêlant force mélodique et frénésie du jeu sont bien sûr de la partie, le trio en réactualise judicieusement les codes avec des sonorités que l’on qualifierait de rétro-futuristes. Tout l’art de dépoussiérer un monument en lui rendant un brillant hommage avec la plus vivifiante fraîcheur.

22 octobre : The Buttshakers au Quarto, Unieux

TOUTE LA CONSCIENCE DE LA SOUL
Treize ans déjà que le combo lyonnais emmené par la chanteuse originaire de Saint-Louis (Missouri) Ciara Thompson enflamme les scènes européennes de sa soul-music incandescente et développée comme un brasier d’espérance. Après une tournée de quatre-vingts dates dans six pays, les Buttshakers stoppés par la pandémie nous reviennent gonflés à bloc en ayant eu le temps de peaufiner leur sixième album Arcadia, clin d’œil au pays des délices imaginé comme un refuge en ces temps agités. Et justement, si leur précédent Sweet Rewards abordait avec un son garage le revers romantique de la soul, entre douceur et envolées plus funk-rock, l’actu américaine et les mouvements tels Black Lives Matter ou Not in my Name ont porté Ciara et ses cinq soulmen à mettre en avant dans leur travail d’écriture la face plus engagée de la soul, avec des titres très conscientisés dans l’esprit seventies des Marvin Gaye et autre Curtis Mayfield. Une musique toujours plus viscérale, au plus près de la source pour une production brute de sincérité, ce qui n’empêche ni la délicatesse ni la sensualité chez Ciara qui, avec son grain puissant et ses fêlures qui rappellent la Sharon Jones des Daptones, s’inscrit dans l’authenticité de ses glorieuses aînées, Nina, Aretha ou Etta. Une soul brûlante qui use des passerelles du blues, du funk et du R&B pour tracer un beat frénétique nimbé parfois de mystique psychédélique, avec la rythmique imposée par la guitare de Sylvain Lorens, la batterie de Josselin Soutrenon et la basse de Jean Joly, qu’appuie l’omniprésence des cuivres Léo Ouillon au sax et Franck Boyron au trombone. Fidèles à l’esprit initial de cette black-music qui met de l’espoir dans sa mélancolie et fait sortir le meilleur du chaos, les Buttshakers nous font exulter de plaisir avec leur show à l’énergie pure qui transforme toute scène en un irrépressible dancefloor.