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Le phénomène João Selva, une ode optimiste à l’Atlantique Noire

Le brésilien João Selva, nouvel adhérent à Jazz(s)ra, monte en puissance. De sa récente sélection aux InOuïs du Printemps de Bourges à la sortie de son album « Navegar » le 2 avril dernier, en passant par ses passages chez FIP, Radio Nova, l’émission Culture Box ou les revues de son album dans divers médias (France Inter, Rolling Stone, Le Monde,..), l’artiste semble s’ériger en tant que véritable phénomène.


Fils d’un pasteur d’Ipanema, le carioca João Selva a grandit à Rio de Janeiro dans une communauté d’anciens prisonniers et d’artistes convertis. C’est sous le regard bienveillant de Wanda Sá – une des icônes de la bossa nova – qu’enfant il égrène ses premières notes de guitare. Influencé par son père, mélomane et collectionneur de disques en tous genres, il se plonge dans la pratique des musiques brésiliennes (capoeira angola, samba de roda, maracatu, coco de roda) et à l’âge de 18 ans débute une carrière d’artiste itinérant qui le mènera à Lyon, bien des années plus tard.

Reconnu comme un ambassadeur des musiques brésiliennes en France, il fait ses premières armes au sein du trio Forró de Rebeca, avec lequel il sillonne de prestigieuses scènes françaises. En parallèle, il s’associe au producteur américain Maga Bo, précurseur de la « Tropical Bass » pour créer le projet Sociedade Recreativa, un mélange détonant d’électronique et de rythmes traditionnels brésiliens. S’ensuivront plusieurs tournées internationales et deux albums salués par la presse spécialisée (Songlines, Télérama, Les Inrocks,…) et largement diffusés par de nombreux DJs et radios (BBC, Nova, FIP, RFI,…).

Après avoir collaboré avec de nombreux artistes – de Papet J des Massilia Sound System à sa compatriote Flavia Coelho, en passant par Sir Jean et DJ TUDO, sa rencontre déterminante avec le prolifique bassiste et producteur Bruno Patchworks lance sa carrière solo. Croisés au hasard d’une jam session sur les pentes de la Croix Rousse au printemps 2016, les deux acolytes entament une collaboration fructueuse, tout d’abord avec le single « Vida Maravilha » – synchronisé dans le cadre d’une campagne publicitaire pour Citroën. Puis avec la publication des albums « Natureza » en 2017 chez Favorite Recordings et « Navegar » en 2021 chez Underdog Record.


Son album Navegar est aujourd’hui largement diffusé par les médias — voici d’ailleurs quelques extraits d’un article de FIP à ce sujet :

« Enregistré suite à un voyage au Brésil fin 2019 avec son complice multi-instrumentiste Bruno Patchworks, l’album est une ode à la créolité et à la tolérance rythmée par un groove festif, les rythmes brésiliens et ceux des anciennes colonies portugaises comme le forró, le kompa, le funaná ou le semba. Sur le premier single, Navegar, João Selva et son producteur revisitent le rythme afro-brésilien Afoxé avec notamment le berimbau de la Capoeira. Ils rendent hommage aux cultures de cet « Atlantique Noir » lusophone qu’il on parcouru en mêlant avec élégance les références culinaires et musicales.

« A Bahia j’évoque la samba et le piment, à Olinda je me déguise pour le carnaval, je danse le Kompa dans les Caraïbes, je me délecte d’une cachupa et du funana à Cabo Verde… clairement tous ces lieux m’ont transformé énormément. »

C’est cette idée que tout ce que nous vivons nous change profondément que Mica Jennings illustre dans la vidéo animée de ce premier titre, où le jaguar, l’animal emblématique du continent sud-américain, change au gré de ses voyages et de ses rencontres. « Comme moi, il navigue dans la vie à la recherche d’amour et de rencontres magiques. Un clin d’œil à la théorie d’Anthropophagie Culturelle théorisée par Mario d’Andrade au début du XXe, soit cette capacité à « manger » la culture de l’autre pour devenir une nouvelle entité comme les Amérindiens mangeaient leurs ennemis pour s’accaparer leurs forces. » explique João Selva. »

À écouter sans modération !