Jazzra
Menu

Vu sur France Musique. « Loi immigration : quelles conséquences pour les artistes étrangers ? »

Un reportage de Mathilde Cariou.

« Depuis le vote de la loi immigration la semaine dernière, le spectacle vivant est traversé par de nombreuses inquiétudes et questionnements. Reportage avec la troupe franco-guinéenne ‘Circus Baobab’.

Dans le ‘Circus baobab’, il y a Sylla Fodekaba, alias Vichy. Comme les douze autres acrobates de la troupe, il est originaire de Conakry, en Guinée. Ce texte sur l’immigration, il ne le comprend pas : « Je cotise pour l’Etat, je galère pour avoir un titre de séjour, un visa, un logement… Franchement, ça ne va pas du tout. » La question du titre de séjour, c’est l’une des plus grosses préoccupations des acteurs du spectacle vivant. Déjà, à l’été 2023, plusieurs artistes, Maliens, Nigériens et Burkinabè, avaient dû annuler leurs tournées pour cette raison. Ce texte ne va faire qu’aggraver les choses, s’inquiète Richard Djoudi, le producteur de la compagnie : « Il peut y avoir des confusions ; les consulats vont réfléchir à deux fois avant d’accorder des visas à des artistes étrangers ». Le producteur s’interroge également sur la situation des étudiants en école d’art : « Comment vais-je leur demander de payer un droit pour venir faire de la formation aux arts du cirque en France ? La formation, c’est la base de l’art. Là, on est en train de mettre des barrages financiers, moraux, philosophiques, qui sont proprement scandaleux ».

Quelles conditions d’accès aux aides sociales ?

L’autre problématique majeure, c’est la question des aides sociales : « Tous les artistes sur scène ce soir paient leurs cotisations en France » assène Richar Djoudi. « L’URSSA, Audiens, la caisse de retraites, Pôle emploi, la caisse des Congés Spectacles.. .Pourquoi n’auraient-ils pas les mêmes droits que les autres ? » Question d’autant plus préoccupante, selon lui, que les artistes travaillent souvent sur des tournées ou des dates ponctuelles. « Impossible de les faire entrer dans les cases prévues par loi », explique Denis Gravouil, de la CGT spectacle. « Quand on n’a pas de titre de séjour, on n’a accès à rien. Pas d’allocation chômage, pas de régime d’intermittence… Comment va-t-on apprécier leur travail ? » »