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Cartographie France Festivals : une analyse approfondie des dynamiques festivalières de 7 300 éditions 2019

France Festival a travaillé sur une cartographie national des festivals en collaboration avec le Ministère de la Culture, le CNRS et le CEPEL. On vous en donne les grandes lignes dans cet article.

L’étude est dirigée par Edwige Millery, Emmanuel Négrier, et Stéphane Coursière, respectivement chargée d’études au Ministère de la Culture (DEPS), directeur du Centre d’Études Politiques et Sociales (CEPEL) à l’Université de Montpellier et ingénieur cartographe, CNRS, CEPEL.

Près de 7 300 festivals ont connu une édition 2019 et ont été recensés dans le cadre de cet ambitieux projets de cartographie nationale. L’étude propose une analyse régionale puis départementale de festivals aux envergures très hétérogènes.

Plusieurs angles de vue sont notamment étudiés ici : la densité de l’offre de festivals rapportée à la population, l’évolution du nombre de festivals à partir de la décennie de leur création, leur programmation dominante, et leur saisonnalité.

Il est à noter que plus de quatre festivals sur dix sont des festivals de musique, dont près de la moitié ont été créés au cours de la dernière décennie, et près de quatre sur dix se déroule pendant la période estivale.

Du point de vue territorial, les départements ruraux disposent d’une offre riche rapportée à la population, bien que les départements urbain comptent un plus grand nombre de festivals.

Enfin, l’offre festivalière repose en majorité sur des acteurs culturels oeuvrant à l’année, permettant une dynamique plus durable à l’offre, inscrite dans la permanence.

 

Quelques analyses détaillées

Approche régionale

Avec chacune plus de 900 festivals sur leur territoire, les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Occitanie rassemblent plus du tiers des 7 300 festivals : 13 % des festivals ont lieu en Auvergne-Rhône-Alpes, 13 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur et 12 % en Occitanie. Avec la Nouvelle-Aquitaine qui compte près de 830 festivals sur son vaste territoire, ces quatre régions rassemblent la moitié des festivals recensés à l’échelle nationale, mais 37 % de l’ensemble de la population.

À l’inverse, lorsque l’on adopte un raisonnement rapporté à la densité de population, la Corse devient la région la plus dense en offre, avec 20 festivals pour 100 000 habitants.

38% des festivals se déroulent pendant la saison estivale. On observe ainsi facilement un effet de saisonnalité : « festival rime avec saison estivale » . Cela ne va pas sans poser la question de la soutenabilité des événements, soumis à la saisonnalité et donc au dérèglement climatique.

Près de la moitié des festivals ont été créés au cours de la dernière décennie. Seuls 3% des festivals ayant connu une édition en 2019 ont été créés avant 1980, tandis que les trois quarts ont été créés après 2000.

Une musicalisation croissante des festivals observée depuis le début des années 1980. 

 

Approche départementale

Les départements urbains comptent le plus grand nombre de festivals, avec en première position les Bouches-du-Rhône : plus de 305 festivals, soit 7 de plus que Paris. On compte 183 festivals dans le Rhône.

À l’inverse, les départements qui comptent le moins de festivals sont ultramarins : Mayotte (9), la Martinique (15), et la Guyane (19). En métropole, les départements comptant le moins de festivals sont ruraux ; on y retrouve notamment le Cantal. Cela renforcerait l’hypothèse de la métropolisation du phénomène festivalier.

Cependant, l’offre s’avère riche pour les départements ruraux lorsqu’on le rapporte à la population : pour 100 000 habitants, 47 festivals dans les Hautes-Alpes, mais seulement 15 festivals dans les Bouches-du-Rhône.

Les festivals créés avant 1980 se trouve majoritairement sur le littoral méditerranéen et breton, où l’implantation des festivals est particulièrement variable en raison de l’importante personnalisation des projets. Le premier stade du phénomène de festivalisation a lieu au début des années 1980, ce qui s’explique notamment par la politique du Ministère de la Culture et de Jack Lang, ainsi que par un mouvement de décentralisation.

On décèle également une discipline dominante dans certains départements, souvent ruraux, signe d’un réseau d’acteurs et d’institutions structuré et permanent. Ce phénomène peut permettre de relativiser l’événementialisation de la culture, qui repose sur une forme de permanence ainsi que sur la participation citoyenne bénévole.

Rappelons enfin, comme il l’est fait à la fin de l’étude, que des limites à l’analyse subsistent, à commencer par la comptabilisation des festivals actifs en 2019 mettant de côté les festivals disparus cette année-là et la création de nouveaux festivals post-Covid. L’échelle particulièrement large de l’étude implique également de sacrifier un niveau de détail trop profond.

On retiendra une réflexion : le caractère exceptionnel des festivals semble être une notion dépassée par un phénomène d’extension territoriale, temporelle et sectorielle de la festivalisation, démontrant une pluralité de valeurs au nom desquelles un si grand nombre d’événements se créent.

 

Consultez l’étude complète ici