Jazzra
Menu

Vibrations aériennes et telluriques

« Solo(s) » de Lionel Martin, un projet sonore organique et hypnotique. Une bande son nomade captée par Bertrand Larrieu au fil de déambulations urbaines. Cinq morceaux où alternent vibrations aériennes et telluriques. Créditée à Robert Combas, la pochette restitue la douce folie de ce « Mad Sax » qui ne cesse de renouveler son inspiration. Du 07 au 17 octobre 2020, le saxophoniste vit et joue dans un container devenu squat artistique où il propose ses « Variations musicales » durant le « Grand Barouf » du « Rhino Jazz(s) ». Lionel Martin, toujours énergique et libre !

couverture de "Solo(s)" de Lionel MartinSorti le 02 octobre 2020 en version digitale sur le label Cristal Records et en album vinyle sur Ouch! Records, « Solo(s) » de Lionel Martin vibre d’une énergie brute alimentée en prise directe avec l’environnement. Les textures sonores de l’album évoluent entre jazz et musique électronique avec de fulgurantes déchirures ouvertes sur un post-rock réinventé.

En sous-titrant son album « Solo(s) », « Je est un autre », Lionel Martin inscrit son inspiration dans les traces d’Arthur Rimbaud…

« Car Je est un autre. Si le cuivre s’éveille clairon, il n’y a rien de sa faute. Cela m’est évident : j’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute : je lance un coup d’archet : la symphonie fait son remuement dans les profondeurs, ou vient d’un bond sur la scène. »

Lionel Martin, musicien, mais pas que…

Toujours épris de liberté, Lionel Martin diversifie ses aventures musicales.

Après ses aventures avec le « Trio Résistances », on l’a retrouvé en duo avec le pianiste Mario Stanchev autour des compositions de Louis Moreau Gottschalk sur « Jazz Before Jazz », en duo encore avec le batteur Sangoma Everett autour du disque « Afrique » de Count Basie sur « Revisiting Afrique », avec le groupe uKanDanZ dont les couleurs musicales mâtinées de rock et musique éthiopienne sur « Yeketelale » et sur les scènes du monde, avec le Quintet Madness Tenors qui réunit autour de lui ses compères Mario Stanchev, Benoit Keller (contrebasse), Ramon Lopez (batterie) et le saxophoniste américain George Garzone sur « Madness Tenors – Be Jazz for Jazz », mais aussi avec Louis Sclavis au sein du groupe « OSLO » aka « Ouch! Synthesis Liberty Ørchestra » ou avec Bunktilt qui réunit autour Fred Meyer (guitare), Thibault Martin (batterie) et Steve Mackay, le saxophoniste historique des Stooges.

Passionné de disques vinyles qu’il collectionne depuis longtemps, Lionel Martin est aussi à l’origine du label Ouch! Records dont le catalogue ne cesse de s’étoffer. Sur son site, le label propose une rubrique « Solo Insolent », une émission live mensuelle en exclusivité et participation libre.

On se souvient de « Lionel Martin sur un arbre perché » quand le saxophoniste jouait dans un cèdre du Jardin des Plantes de Rive-de-Gier lors de l’édition 2006 du « Rhino Jazz Festival ». Devenu « Rhino Jazz(s) », le festival invite de nouveau le musicien 07 au 17 octobre 2020 pour une performance peu commune, les “Variations musicales de Lionel Martin”, du jazz au rock en passant par la pop et Stravinsky. Dans son container, Lionel Martin vit et joue sa musique au gré des moments, des envies, des rencontres avec d’autres musiciens, invités par le saxophoniste durant le “Grand Barouf du Rhino” dans la Grande Usine Créative de la Cité du Design de Saint-Étienne.

Le squat créatif de Lionel Martin entre en résonance avec l’exposition et l’atelier éphémère de Robert Combas, musicien et peintre (à l’origine du mouvement artistique de la « figuration libre ») dont trois peintures illustrent la pochette de l’album « Solo(s) ».

« Solo(s) »

Enregistré par Bertrand Larrieu en 2019 sous un pont à Goussainville, dans différents sites du métro de Paris, dans les champs de la Beauce et en extérieur sur les bords de la Loire, « Solo(s) » restitue les atmosphères exaltantes créées par les saxophones et machines de Lionel Martin.

Entre flux aériens et vibrations telluriques, les improvisations de Lionel Martin s’abreuvent aux sources de la liberté et s’alimentent d’une quête intérieure exigeante. On voyage dans l’univers imaginaire du saxophoniste. Bien loin des chemins de la perfection, son monde empreint de spontanéité et de sincérité est éclairé par le doute et la recherche incessante de l’Ailleurs et de l’Autre.

Vibrer jusqu’à chuter

« Solo(s) » ouvre avec Vibrations. Telles des envolées cosmiques, les boucles du soprano interpénètrent le motif tellurique du ténor fougueux et s’installe alors le climat intersidéral d’un voyage musical qui devient peu à peu hypnotique. Plus loin, sur Fictions, le musicien invite à le rejoindre dans son vaisseau spatial imaginaire. A partir d’un motif itératif, le ténor dessine des arabesques, des circonvolutions sonores, ponctuées d’éructations, de frictions et de borborygmes alors que les bruits du métro s’intègrent au fil d’une complainte bluesy, une berceuse souterraine.

Un climat musical plus aérien s’installe ensuite sur Éternité. Un titre plus serein, truffé de motifs insolites et frénétiques d’inspiration mingusienne, qui se termine par une lamentation du ténor. L’oreille accède ensuite à Réalité où les saxophones se croisent. La ligne mélodique du soprano tente de se hisser au-dessus d’un florilège des sonorités de baryton, ténor et alto… et l’on est comme transporté dans une nature où des canards caquettent en palmant sur les rides d’un étang.

Avec La chute advient un changement de climat sonore. Il devient plus électro et incite à la danse. Les boucles répétitives rendent la musique plus organique, plus soul… la transe n’est pas loin !