« Quand l’union des salles fait la force » : les petits lieux de jazz s’unissent pour co-organiser des tournées
Une analyse de Pascal Bertin & La Fedelima.
Retour sur la tournée co-organisée du Dave Rempis Percussion Quartet, avec le Petit Faucheux, le Confort Moderne (Jazz à Poitiers), les Plages Magnétiques, le Pannonica, et le Périscope.
« Au mois de mars 2023, cinq salles se sont associées afin d’accueillir la tournée du Dave Rempis Percussion Quartet, formation d’un saxophoniste jazz américain qui n’avait pas joué sur le sol français depuis quatre ans. Une initiative lancée par le Petit Faucheux à Tours, rendue possible par une mise en commun des moyens économiques, des énergies, ainsi que par l’enthousiasme de l’artiste et de son groupe.
En ces temps économiquement difficiles pour certains pans exigeants des musiques actuelles, voilà une tournée qui aurait pu ne jamais voir le jour. En effet, le musicien américain Dave Rempis n’avait été « proposé » à aucun des lieux intéressés. Sans tambour ni trompettes mais avec ses saxophones, il s’est produit durant le mois de mars dans cinq salles françaises en mode quartet, débarquant avec un musicien de Chicago, rejoint par deux autres instrumentistes basés en Europe. Une venue initiée depuis la France, dont la concrétisation doit tout à l’initiative d’une salle. Favorablement accueillie par des consœurs, sa proposition a pu bénéficier d’une économie d’échelle pour aboutir à un événement à taille humaine et à l’impact environnemental plus que raisonnable. »
[…]
« « Pendant longtemps, durant ces vingt dernières années, il était possible pour un musicien de jazz d’enchainer dix concerts en Allemagne, quatre en Autriche, puis cinq en France. Mais aujourd’hui, il existe moins de salles pour ce type de musique. Les tournées se résument à quelques dates en Allemagne, en Suisse, en Norvège et en Italie, avec des allers et retours permanents en avion, donc des conséquences terribles pour l’environnement et les musiciens. Tout ce temps à voyager occasionne du manque de sommeil et de la fatigue accumulée. » De plus, ces longues distances peuvent être sources de frustration si le concert ne trouve pas son public. « Il nous est arrivé de faire venir des artistes de très loin, qui faisaient peu de dates ensuite, par exemple des groupes norvégiens venus grâce au soutien de leur bureau export. S’il leur arrive de ne pas remplir la salle, ce n’est agréable ni pour nous, ni pour eux. Du coup, il est difficile de justifier des déplacements aussi longs pour un tel résultat » analyse Pierre Dugelay, directeur du Périscope, salle lyonnaise portée sur une esthétique engagée qui fait la part belle au jazz mais aussi au rock expérimental. »
Photo : © Remi Angeli
Partager
FacebookTwitterCopier le lienLe lien a été copié!